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CLARA DE TEZANOS 

27 AVR > 25 MAI. 2024

 

 

Par sa pratique de la photographie, l’artiste guatémaltèque Clara de Tezanos capture la lumière dans sa camera obscura, pour finalement lui rendre sa liberté. Les fuites de lumière prodiguent à ses clichés arborés une nouvelle énergie, par une sorte de photosynthèse simulant le même processus biologique par lequel le sujet végétal de ses images se nourrit du soleil, source de vie.

 

L’appareil photo est une chambre trop exiguë pour l’insaisissable spectre lumineux, et Clara le laisse vivre en plein air dans ses sculptures murales radiantes. Le matériel photographique y demeure son langage, sa matière artistique première. Il s’ouvre, se démonte, se découvre, s’expose et renait, plus photosensible que jamais, en camera luminosa, qui ne sert plus à canaliser, mais à catalyser la lumière divine, sous la forme de cierges liturgiques abstraits, prêts à recevoir les vœux.

Cette lumière est œcuménique ; elle relie les diverses croyances du Guatemala, coloniales comme précolombiennes, fussent-elles importées par le christianisme européen au 16ème siècle, ou plus ancestrales, celle des Précolombiens dont les pyramides d’observation céleste agissaient en qualité de réceptacles de la lumière astrale. Les pièces de Clara en sont le reflet contemporain, comme les artefacts d’une civilisation photographique qui écrivait avec la lumière, retrouvés dans un futur lointain où ces objets ne revêtent plus leur caractère usuel, mais une dimension poétique et mystique.
La figure du nid est un réconfort, un abri qui filtre la lumière du monde
, autant qu’une invitation à éclore, une promesse de vie. Car nos jours nous sont à tous comptés...

 

La lumière voyage à sa propre vitesse et semble, pour nous, plier le temps. Au fil des journées et des nuits, elle tourne autour de nous, et nous conte notre finitude. Les Précolombiens en prédisaient des calendriers clairvoyants des solstices et équinoxes, propices aux semis et aux récoltes, et des éclipses, présages apocalyptiques. La lumière porte donc en son sein la vie et sa fin, la fuite du temps lui étant immanente.

Les cadrans solaires de Clara semblent projeter les ombres de l’avant, les éclats du maintenant et les miroitements de l’après, et nous accompagner dans cette révolution permanente de la lumière, dans un mouvement perpétuel que nous avons tenté désespérément, avec nos appareils, de figer. Ces nouveaux instruments composent une musique irradiante qui nous appelle à danser en cadence avec le rayonnement, à épouser son mouvement ; à faire la paix avec l’ancien, à vivre l’instant et à faire un vœu pour l’avenir.

 

— Aurélien Simon