Né en 1979 à Nairobi, Kenya
Vit et travaille à Paris, France
Né en 1979 à Nairobi et aujourd’hui installé à Paris, Evans Mbugua explore avec sensibilité et énergie la place de l’individu dans la société, les liens visibles et invisibles qui unissent les êtres entre eux et au monde. Son oeuvre est une célébration de la mémoire, des cultures, de la couleur et de la lumière.
Diplômé en 2005 d’un DNAT, Mbugua commence sa carrière dans la communication visuelle. Il fait ses premières armes en tant que directeur artistique dans le monde de la communication visuelle à Toulouse. Pendant huit ans, il se forge une solide expertise technique en évoluant dans des domaines aussi variés que la mode, la publicité, le web ou le packaging. En 2011, il s’installe à Paris pour se rapprocher du monde de l’art contemporain et de l’effervescence urbaine. Deux ans plus tard, il se consacre pleinement à la création artistique avec sa première exposition en galerie en 2015.
Pour Mbugua, l’identité est une matière vivante, faite de strates, de mémoires croisées, de lieux superposés à travers le temps et l’espace. Son travail artistique, nourri par ses propres expériences, devient une cartographie sensible de l’humain, à la fois intime et collectif. Ses oeuvres, immédiatement reconnaissables par leur éclat coloré et leur pointillisme, font vibrer la surface du monde. Il part d’un seul point et c’est l’association et la vibration de chaque point qui crée l’image de l’oeuvre fini. Chaque motif évoque un individu, une rencontre, un souvenir, un langage, en les réunissant dans des compositions dynamiques, Mbugua crée une harmonie visuelle où l’humain devient motif, et le motif, mémoire. Dans son univers, l’identité n’est jamais figée.
Dans sa série récente « Reconstructed Identities », il aborde les thèmes du traumatisme, de la réparation et de la résilience. Inspiré par des techniques anciennes comme le vitrail occidental, Evans pousse cette recherche à la tradition du Souwer (ou peinture sous verre), un art ancestral partagé entre le Sénégal et le Kenya, qui résonne profondément avec son héritage culturel. Cette technique qui résulte d’une évolution du vitrail est retravaillé sans la composition de matière.
Il puisse également son inspiration par des techniques anciennes comme le kintsugi – l’art japonais de réparer la céramique brisée avec de l’or –, il élabore un langage visuel qui sublime les fissures. Il renforce les failles et traumatisme personnelle ou sociale de ses figures grace au fils de fer qui lie chaque les parties morcelée de ses portrait. Ses portraits fragmentés sont traversés de fils de fer, autant de liens visibles entre les morceaux d’identité épars. Les cicatrices deviennent éclats, les fractures deviennent vérités. Il ne les gomme pas, il les rend visibles, les exalte, les célèbre, non comme des blessures, mais comme des preuves de vie.
À travers ces portraits et scènes lumineuses, il cherche à restituer les émotions des personnes qu’il peint : amis proches, artistes, membres de sa famille – qui forme le coeur battant de son oeuvre. Revisitant les tissus, les symboles et les textures d’Afrique – khanga, batik – il les fait renaître dans une esthétique contemporaine, stylisée, collectif. L’Afrique — non pas comme un lieu unique, mais comme une force mouvante et plurielle — y occupe une place centrale, matrice de son imaginaire. Dans cet univers, les pictogrammes deviennent un langage à part entière. À l’instar des motifs du khanga, porteurs de messages cachés, Evans développe un système visuel personnel et symbolique, où chaque signe dialogue au-delà des frontières, traversant les cultures et les mémoires collectives.
Ses oeuvres sous verre deviennent ainsi des vitraux modernes : la lumière y circule, révélant des couches de sens, des motifs rythmés, des halos de points qui s’agrègent en visages. Des portraits suspendus dans le flux visuel d’un continent, l’Afrique, qu’il place au centre de cette matière en mouvement.
Ses sculptures tels que Macho Hayana pazia (les yeux n’ont pas de rideaux) et Sous nos yeux marquent un nouveau depart dans son oeuvre. Elle nous invitent a nous questionner sur notre regard et la place de l’individu dans un monde saturé d’informations. L’artiste explore notre rapport souvent passif à l’actualité internationale, à notre incapacité d’action. Macho Hayana Pazia, expression swahilie empreinte de lucidité, évoque l’impossibilité de fermer les yeux, de se soustraire au réel et nous pousse à la reflexion sur la nécessité de regarder, de voir le monde sans toutefois parvenir à en changer le déroulement. Ces oeuvres deviennent alors des miroirs, des fenêtres ouvertes sur une conscience en éveil, et questionnent avec force notre responsabilité de spectateurs.
Au fil de son parcours, Evans Mbugua a su tisser des collaborations audacieuses avec des acteurs de la création contemporaine et du luxe, en repoussant les frontières entre art et design. En 2018, il est invité par la Maison Chaumet – célèbre joaillier de la place Vendôme – pour réinterpréter à sa manière les codes de l’élégance et du patrimoine pour la collection Trésor d'Afrique. Il conçoit une oeuvre originale composer de broches inspirée d’histoire de son enfance, qui mêle artisanat, lumière et symbolisme, en dialogue avec les bijoux emblématiques de la maison. Cette collaboration marque une rencontre entre deux univers : celui de l’orfèvrerie historique française et celui d’un art plastique vibrant d’énergie contemporaine et panafricaine. Il devient le premier artistes officiel à collaborer sur une collection de la Maison Chaumet.
En 2024, il collabore avec Infiniment Coty, projet artistique de la maison de parfumerie internationale Coty. Pour cette occasion, Mbugua propose une création multisensorielle où le parfum devient prétexte à l'évocation des souvenirs, des émotions et des identités multiples. Son travail interroge la manière dont les sens – notamment l’odorat et la vue – dialoguent pour former des impressions durables. A travers une oeuvre d’un paysage sculpturale, presque architecturale et composé de flacons qui s’imbriquent, Evans crée une ruche composé de pointillisme coloré.
Exposée à l’international, l’oeuvre d’Evans Mbugua est aujourd’hui présente dans de nombreuses collections privées et publiques tels que la collection Agnès b, la Fondation Gandur pour l’Art, la BnF (Bibliothèque nationale de France) ou encore le programme Art in Embassies du U.S. Department of State.