Né en Algérie.
Vit et travaille à Paris.
Chemsedine Herriche explore l’ambiguïté du rapport entre la mémoire personnelle et collective et son interprétation. C’est à la croisée de la peinture, de la sculpture, de l’installation et de la vidéo que sa perception de l’espace et du temps crée des fictions où le tangible et l'intangible s’entrechoquent, révélant ainsi l’instabilité de notre rapport spatio-temporel.
La question du foyer et, plus généralement, la tension entre intériorité et extériorité, entre la factualité des récits et la marge d’interprétation nourrissent son travail. À l’origine de sa recherche, les archives personnelles s'hybrident aux mythologies ancestrales. Ainsi, dans la série Ostraca, il associe des récits oraux familiaux, des souvenirs de souvenirs, à l’usage de tessons de céramique comme carnet de notes en Égypte antique.
Les gestes qu’il met en place trouvent leurs origines dans une culture du détournement des objets et des techniques inventées pour mieux brouiller les pistes. Sa peinture, réalisée par couches successives, à la manière des strates du temps, développe une esthétique du flou et cultive l’opacité, le mystère des images qu’il crée. Dans ce travail de projection peinte, l’air renvoie au souffle à l’origine des narrations. Chemsedine s’inscrit dans la tradition du sfumato tout en renouvelant la technique et les supports. Leur brutalité, issue d’éléments de l’architecture industrielle urbaine, dialogue avec la peinture afin de renforcer le contraste des sujets. Les surfaces miroitées, les images floutées, se dessinent dans la concrétude du carreau de plâtre, du bloc de pierre calcaire ou de la tôle d’acier. Les ciels célestes s’incarnent en creux des antennes paraboliques terrestres. La récurrence du motif elliptique résonne avec sa forme littéraire, voyage dans le temps. C’est dans cet état perpétuel de projection, de Cosa mentale au sens que Léonard de Vinci lui a conféré - la chose de l’esprit qu’il conduit sa pensée. Dans cette volonté, son travail poursuit sa trajectoire vers des installations monumentales où l’échelle architecturale témoigne de l’expérience du temps.